dimanche 14 décembre 2008

Portrait : Actualité Juive

Le Aleph, beth de Patrick Petit-Ohayon A comme …. Ascendance : Je suis né dans la Sarthe en 1957. Mes parents, venant de Safi au Maroc, sont arrivés en France un an avant ma naissance avec ma sœur aînée. Quand mon père a été muté en Bretagne, nous avons suivi. J’ai eu une enfance heureuse dans une famille de classe moyenne. Si notre vie juive était inexistante dans la sphère publique, elle s’exprimait dans le cadre privé du foyer par des éléments forts comme l’allumage des bougies le vendredi soir ou encore les matsot à Pessah. Etre juif en Bretagne dans les années 1970 ne fut pas chose facile. La communauté la plus proche était à plus de 100 km de chez nous. Quand je suis arrivé à Paris en 1983, j’ai pu savourer la diversité et la richesse de la vie juive de la capitale. On a tendance à oublier que cette diversité, cette opulence ne va pas de soi partout. Nous avons une grande chance. Alliance : Je suis marié depuis 23 ans. Avec mon épouse, nous avons 3 enfants, 2 filles et un garçon : Judith, Esther et Dan. Ensemble je crois que nous formons une famille unie et riche de ses diversités. Amour de D. : Ma foi se compose de trois éléments. Un lien affectif, viscéral, qui ne s’explique pas, que ma mère, surtout m’a transmis. Ensuite c’est une réflexion, un questionnement qui s’exprime par l’étude. Enfin, c’est l’expérience de la Présence divine dans certains moments de la vie. Quand j’étais enfant, j’ai eu la chance de bénéficier du Talmud Thora par correspondance mis en place par Jean Schwartz, rabbin de la synagogue de la rue Montevideo. J’en ai gardé le goût de l’étude. Quand j’ai fait mon service militaire, quand mes camarades de chambrées jouaient aux cartes le soir, moi j’étudiais. Admiration : Je citerai des penseurs comme Maïmonide, le Maharal de Prague le Rav Shimshon Raphaël Hirsch ou Martin Buber, mais aussi le grand éducateur Janusz Korczak. Il s’agit de personnalités très différentes mais je dirais que leurs réflexions résonnent en moi. Antisémitisme : Je n’ai pas subi l’antisémitisme, j’ai plutôt vécu l’expérience de la différence. A l’école, dans ma jeunesse, j’étais celui qui n’était pas comme tout le monde, le garçon un peu à part. Pour revenir à l’antisémitisme, je suis dubitatif tout en étant optimiste. Même si je reste convaincu que la France n’est pas entièrement antisémite, je m’interroge sur la capacité de notre pays à barrer la route au nouvel antisémitisme politique liée à la situation au Proche-Orient. Alyah : J’ai découvert Israël en 1972 au cours d’un voyage en famille. Comme dans ce genre de séjour, j’ai plus découvert les membres de ma famille que le pays en lui-même. J’y ai fait depuis de nombreux séjours d’étude et de tourisme avec ma femme et mes enfants. Je porte sur Israël un regard mitigé mélangé d’espoir et d’inquiétude. Israël doit selon moi rester un pays « pas comme les autres ». Il faudrait que nous réussissions à concilier l’approche religieuse inhérente au peuple juif et la modernité du monde occidental. Je regrette parfois que la seconde prenne le pas sur la première. Affaire : Après des études de Psychologie, j’ai fait mon service militaire. Libéré de mes obligations, je suis parti trois ans étudier à la Yéshiva de Montreux en Suisse dans une section préparant à l’enseignement. J’ai ensuite étudié l’Hébreu à l’INALCO. J’ai enseigné le Kodech pendant dix ans, essentiellement la pensée juive, avant d’intégrer le Fonds social juif unifié en 1992. Mon entrée dans cette institution correspond au lancement de l’Institut André Neher. Aujourd’hui responsable du département de l’enseignement du FSJU, j’ai en charge la coordination de l’ensemble des écoles juives en France, je suis également directeur de la revue « Hamoré », publiée 3 fois par an et qui est destinée aux enseignants et éducateurs juifs francophones. Autoportrait : Comme tous les enseignants, j’ai le souci de l’autre, du partage de la connaissance. J’ai de la suite dans les idées. Je fonctionne selon le principe du puzzle. Quand j’ai une idée en tête, j’en ai une vision globale qui se précise au fur et à mesure de l’avancement du projet. Je suis respectueux d’autrui. Je suis d’un caractère plutôt optimiste, toujours prêt à innover. Je dis souvent « celui qui n’avance pas, recule » c’est valable dans l’étude, dans le travail, dans la vie de tous les jours. Je suis enfin « curieux » des savoirs en général. B comme … Béréchit : C’est en 1979 que j’ai choisi ma voie professionnelle. J’en portais les germes en moi depuis plusieurs années mais je crois que ça s’est matérialisé à ce moment précis. J’avais passé un mois à la Yéshiva de Montreux, histoire d’en avoir un avant-goût et j’ai compris que ce que je souhaitais enseigner, parmi tous les savoirs, c’était la Torah, sans pour autant avoir besoin de me couper de la psychologie, de la philosophie ou des sciences. Bataille : J’ai une bataille globale qui concerne la nécessité et le besoin d’éducation en général et d’éducation juive en particulier à l’adresse de nos enfants. Ma bataille plus personnelle est d’essayer, à travers des écrits de pensée juive ou de pédagogie, à travers des conférences, de défendre l’idée d’un juif bien dans sa tête, connaissant la richesse de sa culture juive, sans pour autant en devenir vantard, et n’ayant pas peur de la confrontation avec les autres cultures mais au contraire s’enrichissant de ces rencontres sans tomber dans la confusion des valeurs. Dans l’école juive je tente de rapprocher le monde dans lequel évoluent les élèves de celui des professeurs. Aujourd’hui, le décalage est à mon sens trop important et rend théorique le savoir enseigné. Bande : Je n’ai pas le sentiment d’être un homme de bande. Je ne me sens pas pour autant coupé du monde, j’ai des amis, mais je ne crois pas être un homme de groupe. Pour moi, le groupe porte en lui la limite de l’uniformité. Mon cercle familial, mon cercle professionnel, mon cercle amical sont des viviers de proches. Je ne les citerais pas mais ils se reconnaîtront.

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